Knight Vinke possède moins de 2% des actions Carrefour mais il vient d’obtenir du conseil d’administration, le 5 mai dernier, le report de la cession de 25% de sa foncière. Il brigue aussi un siège vacant à ce conseil. Sa stratégie se déroulerait alors « finger in the nose ».
J’ai eu l’occasion de suivre les stratégies d’intelligence économique du fond d’investissement Knight Vinke depuis 2004. Le fond se fait passer pour un chevalier blanc qui protège toujours les intérêts des petits porteurs alors qu’il instrumentalise la presse et pas n’importe laquelle: le Financial Times. Et le FT inspire la plupart des rédactions des quotidiens nationaux et régionaux européens.
Eric Knight a ainsi challengé Gérard Mestrallet, pour que Suez sépare ses activités environnement et énergie en 2006. L’acquisition de GDF par Suez a ouvert le débat sur la place publique avant les présidentielles de 2007. Chirac, président sortant, n’a pas pu donné son feu vert à temps et le nouvel élu, Nicolas Sarkozy, a autorisé la fusion GDF Suez en 2007 sous la condition de séparer les deux métiers! Knight Vinke avait encore gagné cette bataille qui lui permettait de réaliser des plus values substantielles en moins de trois ans. Je l’avais expliqué dans cet article.
La même campagne d’influence médiatique de Knight Vinke avait, en 2004, obtenu successivement la démission du directeur financier, puis six mois plus tard, du président de Shell pour que la société centenaire ne soit plus gérée entre Londres et Amsterdam. Shell avait commis l’erreur de se tromper à trois reprises sur l’état de ses stocks de pétrole. Knight Vinke a empoché alors plusieurs millions de plus-values avec un bond du Footsie.
Robin des bois ne s’est jamais enrichi mais il redistribuait les biens mal acquis. Un certain nombre de poissons pilotes ramassent les miettes du requin américain. Le distributeur Carrefour sortira-t-il grandi de ces affaires pour retrouver la croissance que connait sa filiale espagnole, grâce à Pascal Clouzard?
Article écrit le mercredi 18 mai 2011 | Tags : carrefour, gdf suez, knight vinke | Publié dans Politique business
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Une autre vision à ce sujet
http://www.carrefouruncombatpourlaliberte.fr/2011/05/carrefour-knight-vinke-courrier-blue-capital-eric-knigh-s-adresse-a-carrefour-site/
@Yves Soulabail dit Le Loup, mon blog comme beaucoup d’autres est un lieu de débat si le sujet développé inspire un commentaire. Je vous remercie d’avoir offert un lien pour promouvoir votre article qui publie la lettre de Eric Knight à Carrefour. Si vous souhaitez débattre sur mon article, c’est dans cet espace avec la stratégie de Knight Vinke sur Carrefour qui m’intéresse plus que celle de Carrefour… Vous me demandez dans un email privé: « si je comprends votre raisonnement, faire parler de soi quand la mousse monte est un moyen de prendre de la valeur… ». Je raisonne moins mais j’observe plus la méthode de Knight Vinke depuis un certain nombre d’années. C’est une société d’investissements qui prend une part très minoritaire d’un grand groupe coté pour réaliser des plus-values à court ou moyen termes contrairement à des sociétés comme Wendel ou Eurazeo.. KV fait systématiquement entendre un discours « protecteur » des actionnaires minoritaires qui plait aux médias financiers. Donc Carrefour se passerait volontiers de cette critique qui accompagne la baisse de sa valeur et si le CA décide de reporter la proposition de scission de Carrefour Property, l’action du distributeur retrouvera des couleurs à court terme sans attendre les effets de la nouvelle stratégie…
L’actualité de Knight Vinke sur l’affaire Carrefour rebondit après une lettre ouverte dans le monde qui propose une gouvernance bicéphale entre la France et Carrefour à l’étranger. Les syndicats s’opposent à cette solution..A suivre.